l'argent au quotidien...

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Yoshimitsu
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l'argent au quotidien...

Message par Yoshimitsu » mer. déc. 03, 2014 11:10 am

Je partage un post que je trouve très pertinent sur comment ca marche l'argent et les samurai. Vous pouvez partir du principe que ca se passe à peu près comme ca dans notre monde :)
Pénombre a écrit :D'une manière générale, je considère que les rapports entre les heimin et les samurai relèvent d'une multitude d'attitudes implicites et moins tranchées qu'on a tendance à le dire. Toute société repose sur plusieurs niveaux de communication autour des normes, même à L5A.

Rokugan est un pays où la société est très normative et où le respect des formes correspond au respect des valeurs (si je me comporte honorablement, c'est que je suis honorable, en clair).

Les samurai étant la caste supérieure, ils sont censés :
- ne pas avoir besoin qu'un heimin leur dise quoi faire la plupart du temps (leur supériorité fait qu'ils "savent" et donc qu'on a pas à leur faire la leçon)
- ne pas s'intéresser aux questions d'argent si on ne leur a pas confié des missions en rapport (comme gérer le commerce d'une province, ou payer les salaires des autres samurai du domaine, ou superviser les travaux d'entretien d'un bâtiment, etc...)
- comprendre que l'argent est important sur le plan économique et donc que c'est une nécessité commerciale, donc, se plier à cette nécessité parce que c'est ainsi, mais seulement si c'est nécessaire.

Maintenant, reprenons un peu la situation d'ensemble : AEG explique que quand un samurai arrive dans une auberge, ou un commerce en général, le tenancier répercute derrière les frais que ça implique à son seigneur, qui les déduit de ses propres impôts et tout ça... ce qui me semble quelque chose de bien trop bureaucratique et systématique pour avoir la moindre efficacité, alors que dans le même temps, AEG parle bien d'argent liquide dont les samurai disposent. A quoi sert de l'argent liquide si tous tes frais sont pris en charge par un mécanisme fiscal "je donne mon identité et je m'occupe pas du reste" ?

Ma perception de la chose, mais ça n'engage que moi, est plus nuancée : il y a une distinction entre dépenses privées et dépenses officielles. Par exemple, si je suis ambassadeur de mon clan, ou que je représente mon seigneur, lorsque je voyage, mes séjours à l'auberge sur la route sont déclarés par le biais du mécanisme déjà cité. Si je suis en voyage à titre personnel (par exemple, mon seigneur m'a autorisé avec mon épouse à aller voir ses parents qui vivent dans une autre province, ou sont membres d'un autre clan), je paie de ma poche, avec mon salaire versé par ce même seigneur.

Un samurai honorable est scrupuleux et donc, même en voyage officiel, il paie certains frais persos de sa poche (si par exemple il décide d'acheter un joli service à thé aperçu dans un commerce). La société attend de lui qu'il agisse avec intégrité, et c'est ce qu'il fait. Evidemment, s'il n'agit pas ainsi, parce qu'il est prêt de ses sous, et mets tous ses achats sur le compte de ses "dépenses officielles", les heimin ne broncheront pas et répercuteront en conséquence.

Sauf qu'eux, les heimin, doivent payer toutes leurs propres dépenses pour vivre de leur propre poche et qu'une utilisation systématique du mécanisme "déclaration administrative" risque de poser pas mal de problèmes. Tu imagines un commerce ne disposant d'aucune trésorerie parce qu'il est situé près d'un lieu de pélerinage important et que tous les samurai de passage ne déboursent pas un zeni sous prétexte qu'ils sont en voyage officiel ? comment le proprio achète ses denrées pour nourrir la clientèle, paie ses employés, etc ?

Maintenant, le cas de figure se pose rarement, en réalité. La très grande majorité des samurai, même les plus malhonnêtes, cherchent à avoir un comportement honorable en public, juste pour ne pas perdre la face. Ils demandent à être traités avec respect et qu'on leur donne la meilleure qualité disponible, mais ils payent rubis sur l'ongle parce que ne pas le faire serait agir comme un boutiquier qui marchande. Et les boutiquiers, comme les usuriers, les négociants, etc, c'est à dire les akindo sont pour mémoire aux yeux des samurai la plus basse catégorie de marchands possibles : ils ne produisent rien mais vendent la production d'autrui. Ils vivent du travail des autres.

Même les Yasuki agissent en fonction de cette norme. Eux aussi sont très soucieux que la différence soit bien faite entre un samurai et un heimin, après tout. Ils ont une attitude très différente des autres samurai sur l'argent, mais ce ne sont pas - n'en déplaise au portrait très caricatural récurrent - des boutiquiers qui se frottent les mains et essayent de te fourguer à toi noble samurai-sama un truc dont tu n'as pas besoin, qui coute un bras.

Ils y vont un peu plus subtilement que ça et s'ils peuvent vendre à un heimin un objet X, ils peuvent très bien "l'offrir" à un samurai de passage, puisque les valeurs sociales des samurai font qu'il devient ainsi leur débiteur. Si tu as vraiment besoin d'un objet et qu'un commerçant Yasuki te le propose, tu as donc le choix entre accepter qu'il "te dépanne" sans payer, dans l'idée que samurai honorable tu lui rendras la pareille un jour, ou tu paie de ta poche. Ben si tu n'habite pas dans le coin, qu'est ce qui va être le plus pratique ? Régler l'affaire en dix secondes avec quelques pièces, ou partir en accumulant une faveur (insignifiante et sans aucun danger, mais réelle) que tu devras garder à l'esprit ? Puisqu'un samurai n'est pas censé prêter trop d'importance aux questions d'argent, la première solution est paradoxalement la plus pratique : on règle l'affaire et tout le monde passe à autre chose, au lieu de se trainer de telles obligations bassement financières et matérialistes ;) Et même si tu es du coin (par exemple que tu vis à SMM), c'est toujours bien de dépenser de l'argent juste pour montrer qu'on n'y prête pas importance mais qu'on sait comment tourne la société.

(Evidemment, là encore, si tu es un pauvre type qui veut s’agripper à ses koku, tu peux prendre la solution "dette d'honneur insignifiante mais réelle" et te dépêcher d'oublier tout ça... les risques sont après tout vraiment très très faibles. Mais il n'y a aucun système, nulle part, ni dans la réalité, ni dans la fiction, qui soit sans abus, pas vrai ? ;) Statistiquement, si la majorité des participants jouent selon les règles, le système fonctionne et c'est fondamentalement ce qu'on lui demande. Or, les rokugani jouent très très majoritairement selon les règles, en général... ).

Du coup, si on résume, il y a plus d'une possibilité de se livrer à une transaction commerciale, même quand on est samurai.

Allons plus loin : les commerces qui sont les plus susceptibles d'accueillir un samurai comme client (tavernes, auberges, tisserands, vendeurs de papier, d'ombrelles, d'éventails, certains artisans, etc... mais pas les négociants en gros par exemple... ou ceux qui vendent des trucs qui intéressent rarement les samurai) savent que les samurai ne sont pas censés s'impliquer trop dans les affaires d'argent et qu'en même temps, leur appartenance à la caste supérieure fait qu'on ne doit pas les placer en porte-à-faux et risquer de leur faire perdre la face.

La parade la plus simple, c'est d'afficher dans un coin discret une petite note indiquant les tarifs les plus courants du commerce. D'un simple coup d'oeil, le samurai peut savoir ce que ça va lui coûter et poser la somme correspondante sur le comptoir, sans qu'il doive "s'abaisser" à le demander, ou que le commerçant l'offense en le lui disant. Comme on est dans une société normée et très soucieuse de politesse, si le samurai veut quelque chose qui n'est pas sur la liste, il peut toujours dire un truc du genre "j'ai une demande un peu particulière" et du coup, on lui répondra avec respect. Dans cette éventualité, on sort du normal pour arriver dans le "particulier" et les deux parties comprennent bien que les règles sont assouplies. Le samurai peut donc alors demander le prix, ou le commerçant le lui indiquer en y mettant les formes. Comme un samurai ne négocie pas, si ça ne lui convient pas, il dit simplement "je vois, merci" et il s'en va.

Bon, c'est un post assez long et il ne peut pas prendre en compte tous les cas de figure, d'autant que c'est une vision personnelle de la question, en plus. Mais l'idée générale, c'est qu'il faut sortir un peu des limites du carré "un samurai ne fait pas ceci". Il n'y a pas une façon de faire unique et idéale, mais plusieurs façons qui se superposent et se mélangent, en fonction des parties impliquées, des circonstances et aussi, ne l'oublions pas, du contact lui-même.

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Re: l'argent au quotidien...

Message par darith » mer. déc. 03, 2014 6:01 pm

Intéressant. :)

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